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Photo du rédacteurJean-Guillaume LAVIELLE

Le jeu symbolique

Dernière mise à jour : 16 janv. 2022

L'importance du jeu symbolique dans le développement de l'enfant


L'importance du jeu et de son rôle structurant dans le développement de l'enfant ne fait aucun doute pour les auteurs qui se sont penchés sur l'ontogenèse psycho affective et cognitive. Piaget fait du jeu une activité essentielle à la construction de la fonction symbolique, de l’intelligence et des apprentissages scolaires. A l'entrée à l'école maternelle l'enfant rentre dans la fonction symbolique.


A quoi sert la fonction symbolique ?

Être capable d’utiliser des symboles puis des signes pour évoquer des choses absentes permet à l’enfant de ne plus vivre systématiquement dans l’immédiateté, le réel est transformé par des symboles, des images, du langage…

L'enfant peut alors attendre parce qu'il peut :

  • se représenter ce qui va arriver (maman va arriver)

  • prévoir que quelque chose peut arriver (si je tape, je suis puni)

  • anticiper ses actes (s'il appuie trop fort sur le feutre, la feuille va se déchirer),

  • planifier ses actions (je regarde la forme du morceau de puzzle avant de le mettre à la bonne place)

  • imaginer la suite d'une histoire

  • contrôler sa frustration.

Pour Piaget, le langage émerge grâce à la fonction symbolique et les activités d’imitations différées sont les activités qui vont permettre la mise en route de la fonction symbolique. En conséquence, l’école doit laisser, en maternelle une large part aux activités symboliques (imitation, jeux symboliques, dessin).


Pour Winnicot, le jeu est signe de la « bonne santé mentale »de l’enfant : « Si un enfant joue, peu importe la présence d’un symptôme ou deux : (…) il n’y a au fond rien de grave (…) Le jeu montre que l’enfant est capable de vivre et de devenir finalement un être humain complet. » (L’enfant et sa famille). De même que Winnicott, Dolto fait des jouets des « objets transitionnels » comme le doudou que l'on amène à l'école, les coins jeux (cuisine, poupée, construction, déguisement...). Les jeux sont des médiateurs essentiels à la construction d'une vie autonome, affective, intellectuelle et culturelle.


Pour P. Kergomard,  le jeu est comme un moyen pédagogique privilégié « Le jeu est l’activité normale de l’enfant . « Il conduit à une multiplicité d’expériences (…). Il permet l’exploration des milieux de vie (…) l’invention de gestes nouveaux, la communication dans toutes ses dimensions (…), le repli sur soi favorable à l’observation et à la réflexion (…). Il est le point de départ de nombreuses situations didactiques ».


Les psychiatres et psychanalystes se sont eux aussi intéressés au jeu considéré comme mode d’expression et de construction de soi de l’enfant. Les jeux font rentrer les enfants dans un monde symbolique. Il peut apprendre à vivre seul, donc à se construire une force intérieure qui l'identifie en lui donnant une permanence et une autonomie.


Mise en place de la fonction symbolique :

Entre 2 et 6 ans l'enfant se situe dans la période préopératoire piagétienne au cours de laquelle l'accès aux symboles va permettre de se représenter mentalement des objets. Ce qu'il avait appris par l'action va devenir une représentation mentale. L'action devient réfléchie, intériorisée. Pour que la fonction symbolique se mette en place, il faut lui permettre d'avoir accès aux jeux symboliques, c'est à dire :

  • les jeux d'imitation

  • Les jeux de faire semblant

  • Le dessin

L’imitation :

Dans un premier temps le jeune enfant imite des comportements pour faire comme l'autre, pour comprendre l'autre. Dans un second temps, l'imitation différée est la capacité à reproduire après coup un comportement observé. L'enfant s'accommode au réel, il reproduit un comportement pour intégrer ce réel.


A travers les activités d'imitation la différenciation soi/ autre se met en place, il va  prendre en compte l'autre. Cela va se mettre en place en favorisant toutes les activités de mimes et d'imitations qui sont des supports autres que le langage pour exprimer son monde interne.


Le jeu symbolique:

Piaget distingue 3 types de jeux au cours du développement :

  • le jeu d’exercice (niveau préverbal, essentiellement sensorimoteur, plaisir de fonctionner)

  • le jeu symbolique (pensée verbale, intelligence représentative)

  • le jeu de règles. (intelligence opératoire)


Le jeu symbolique implique que l'enfant ait l'accès à la représentation de l'objet absent. L'enfant va faire « comme si » :

  • vers 2 ans, il imite maman qui donne à manger, il téléphone avec une cuillère...

  • vers 3-4 ans, il met des situations plus complexes en place et peut même désamorcer une situation désagréable en mimant avec les poupées par exemple un conflit qu'il a pu avoir avec ses parents...

La fonction de ces jeux dans le développement et la construction de l'enfant est de permettre des apprentissages :

  • différencier les rôles sociaux

  • différencier le statut de l'adulte de celui de l'enfant

  • différencier les garçons des filles

  • développer le langage (dans les coins jeux)

  • structurer ses activités (construction)

  • gérer sa frustration (en rejouant avec la poupée une scène pénible pour lui)


Le dessin symbolique :

On distingue plusieurs stades dans le développement du dessin.

  • Stade du gribouillage vers 2 ans : Au départ, l'enfant n'a pas d'intention figurative, le dessin est avant tout une activité perceptivomotrice. Il est important qu'il prenne conscience qu'il laisse des traces en bougeant l'outil scripteur. Il fait l'expérience du contrôle de son bras et de sa main (accélérer, freiner, tourner, s'arrêter...)

  • Stade du réalisme fortuit : Par hasard, un jour, il va à la suite d'un questionnement adulte « qu'est ce que tu as dessiné? », prendre conscience que son dessin peut ressembler à quelque chose. Il va donner une signification après coup à son tracé. On note à ce stade les représentations mentales et l'intentionnalité qui émergent. L'école doit être le lieu qui va permettre à l'enfant l'expression  de  productions spontanées pour ces 2 stades. Travail sur les traces des différentes parties du corps, travail sur différents supports (horizontal, vertical, par terre, en l'air, incliné...) travail avec différentes qualités de supports (papier, carton, bois, glace...). Les seules contraintes viennent des conditions matérielles mises en place par l'enseignant, auxquelles l'enfant doit s'adapter. Dès que l'enfant maîtrise mieux son geste on peut alors lui proposer de représenter des traits, des ronds...

  • Stade du réalisme manqué (entre 3 et 4 ans) : L'enfant à ce stade peut avoir une intention préalable à l'exécution du dessin, mais il reste maladroit et le résultat est parfois surprenant. On peut noter de très grands écarts de productions entre les enfants d'un même âge car ils ne sont pas tous au même niveau de capacités de contrôle moteur. A cet âge il faut encore laisser le dessin spontané permettre à l'enfant de découvrir son potentiel perceptivo moteur qui finit de maturer. La reconnaissance de son intention, en marquant sur le dessin ce qu'il figure, est essentielle pour que l'enfant puisse utiliser ce moyen d'expression quand le langage n'est pas encore bien performant.

  • Stade du réalisme intellectuel (de 4 à 8 ans):L'enfant maîtrise  de plus en plus le geste graphique. On peut lui demander des productions précises. Les dessins sont riches en détails, mais la planification reste limitée et la cohérence du tout, est quelque fois improbable. Le dessin est encore un mode d'expression de son monde interne, il peut traduire ses émotions par des tracés symbolisant des colères, des joies, des peurs, des angoisses...mais il faut rester vigilant quant à l'interprétation.


Conclusion

L'école et les activités proposées aux enfants doivent favoriser la mise en place de la fonction symbolique. La place des jeux d'imitations, des coins jeux (poupée, construction, cuisine...), de l'expression graphique libre est essentielle pour permettre à l'enfant de mettre en place des outils afin de mieux appréhender le réel et aussi pour construire les autres apprentissages sur des bases solides.



Sylvie Jouët Psychologue scolaire

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